Pourquoi je travaille bien au-delà de 40 heures par semaine sur l’IA ?

Dans un article précédent, Christophe Morel abordé la problématique des ingénieurs en intelligence artificielle qui travaillent 80 heures par semaine dans les startups, parfois sous la pression des fondateurs. De mon côté, je ne fais pas partie de ces entreprises. Je suis développeur IA indépendant, libre de choisir mes projets et mon rythme. Et pourtant, je dois l’admettre : moi aussi je travaille bien au-delà des 40 heures classiques. Mais contrairement à ceux qui subissent cette cadence, pour moi, c’est à la fois une passion et une nécessité.
La passion comme moteur principal
Il y a des gens qui passent leurs soirées sur Netflix, d’autres qui s’immergent dans les jeux vidéo. Moi, mon plaisir, c’est de plonger dans les modèles open source. Je me dis souvent : “Je vais juste tester un nouveau script pour améliorer ce fine-tuning”, et soudain trois heures ont filé sans que je m’en aperçoive.
L’IA n’est pas seulement mon travail : c’est une curiosité intellectuelle permanente. Décortiquer un modèle, comprendre comment optimiser un pipeline, comparer deux modèles, ça me stimule plus qu’une série ou qu’un film. Et c’est cette passion qui fait que je ne vois pas le temps passer.
Un secteur qui bouge toutes les deux semaines
Mais il n’y a pas que la passion. Si je travaille tant, c’est aussi parce que l’écosystème IA évolue à une vitesse folle. De nouveaux modèles sortent quasiment toutes les deux semaines. Des fonctionnalités apparaissent, des benchmarks tombent, des outils changent la donne du jour au lendemain.
Ce qui est “state of the art” aujourd’hui peut être dépassé demain. Je l’ai vécu plusieurs fois : je commence un projet basé sur un modèle qui semble prometteur, et deux semaines plus tard, un concurrent publie une version plus performante, plus rapide, avec un meilleur support pour le RAG. Résultat : il faut revoir mes choix, tester, comparer, parfois réorienter totalement la direction du projet.
C’est un peu comme courir un marathon sur un tapis roulant qui accélère sans prévenir : si je ralentis, je perds le rythme.
Fine-tuning et RAG : un travail toujours à réinventer
Mon domaine, c’est la personnalisation des modèles LLM. Je passe mes journées (et mes nuits, parfois) à tester des approches de fine-tuning et à intégrer du RAG (Retrieval-Augmented Generation) pour adapter des modèles aux besoins de mes projets ou de mes clients.
Le problème, c’est que chaque nouvelle version d’un modèle remet en question mes choix.
- Est-ce que mon modèle fine-tuné est encore compétitif ?
- Est-ce que ça vaut la peine de repartir de zéro sur une base plus récente ?
- Comment garder une cohérence quand l’écosystème change si vite ?
Ces questions, je me les pose constamment. Et chaque réponse demande du temps, des tests, des expérimentations. Impossible de rester figé, sinon mes solutions deviennent obsolètes en quelques mois.
Pourquoi je ne compte pas mes heures
Je pourrais dire que je travaille trop, mais en réalité je ne compte même plus mes heures. Certaines journées commencent tôt le matin et se terminent bien après minuit. Pourtant, ce n’est pas une contrainte : j’ai choisi ce rythme.
Il y a trois raisons principales à cela :
- Le plaisir : expérimenter un nouveau modèle, améliorer un pipeline, voir une requête s’exécuter deux fois plus vite qu’avant… C’est gratifiant. Ça me donne l’impression d’être aux avant-postes d’une révolution technologique.
- La nécessité professionnelle : en tant qu’indépendant, ma crédibilité repose sur ma capacité à rester à jour. Si un client me demande d’intégrer un modèle sorti la semaine dernière et que je ne l’ai pas encore testé, je perds immédiatement en légitimité.
- La réputation : dans l’IA, les projets vont vite, et le marché aussi. Pour rester pertinent, il faut démontrer qu’on maîtrise les dernières avancées en LLM, fine-tuning et RAG. C’est une forme de pression, mais c’est aussi ce qui me pousse à donner le meilleur.
Une réalité partagée par de nombreux développeurs IA
Je sais que je ne suis pas seul dans cette situation. Quand je me connecte sur les forums de Hugging Face, sur Discord ou sur GitHub, je croise des développeurs et des chercheurs du monde entier. Beaucoup sont en ligne à n’importe quelle heure de la journée ou de la nuit.
On échange des astuces, on compare des résultats, on partage des notebooks. C’est une communauté mondiale en ébullition, où chacun essaie de suivre le rythme et d’apporter sa pierre. Travailler beaucoup n’est pas seulement une contrainte individuelle : c’est aussi une dynamique collective.
Je le vois clairement : les passionnés d’IA, qu’ils soient indépendants ou salariés, partagent cette envie de ne rien manquer. Quand un nouveau modèle sort, la première réaction est : “Je dois l’essayer, je dois voir ce qu’il vaut”. Et cela se traduit par des nuits courtes, des week-ends de test, des semaines qui dépassent largement les 40 heures “normales”.
Une intensité choisie, pas subie
La grande différence avec les salariés de certaines startups, c’est que cette intensité, moi je la choisis. Personne ne m’impose un quota de 80 heures. Il n’y a pas de pression si je ne livre pas une fonctionnalité dans la nuit. Je travaille beaucoup parce que je veux rester dans le mouvement, et parce que j’aime profondément ce que je fais.
Oui, c’est parfois épuisant, mais c’est un moteur dans ma vie. Pour l’instant, je préfère être dans l’action et participer à cette révolution.
L’IA évolue trop vite pour rester spectateur. Et même si ce rythme ne sera pas éternel, je sais que le temps investit aujourd’hui ne sera pas perdu. Demain, le secteur se stabilisera peut-être. Mais en attendant, je continue, passionné et convaincu, à consacrer une grande partie de mon temps à ce domaine qui redéfinit notre avenir. L’essentiel est de trouver le bon équilibre, faire une pause lorsque c’est nécessaire, se divertir et ne pas négliger le sommeil.
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