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Non, Canal+ ne se venge pas de l’ARCOM en retirant ses chaînes TNT

Non, Canal+ ne se venge pas de l’ARCOM en retirant ses chaînes TNT

Depuis l’annonce du retrait des chaînes payantes de Canal+ sur la TNT, certains médias suggèrent que cette décision serait une « vengeance » contre l’ARCOM, en réaction au non-renouvellement de la fréquence de C8. Cependant, cette interprétation simplifie excessivement une décision avant tout stratégique et financière. Canal+ ne cherche pas à régler ses comptes avec le régulateur audiovisuel français, mais à aligner son modèle économique sur les réalités du marché et à renforcer sa compétitivité à l’international.

Une décision dictée par des enjeux économiques

Canal+ évolue dans un environnement où la consommation de contenu est de plus en plus tournée vers le streaming en ligne. La diffusion hertzienne des chaînes payantes, bien qu’historique, est devenue marginale : le groupe ne compte plus que 70 000 abonnés via la TNT, soit moins de 1 % de sa base totale d’abonnés. À cela s’ajoutent des coûts de diffusion élevés, estimés entre 10 et 15 millions d’euros par an, qui pèsent sur la rentabilité.

En abandonnant la TNT payante, Canal+ réalise des économies substantielles tout en se concentrant sur des modes de diffusion plus adaptés aux nouvelles habitudes des consommateurs, comme le satellite, l’ADSL et le streaming. Ce choix n’est donc pas motivé par des considérations émotionnelles envers l’ARCOM, mais par la nécessité d’optimiser les ressources et de s’adapter à un marché en mutation rapide.

Une opportunité pour renforcer son positionnement international

La décision de Canal+ s’inscrit également dans une stratégie plus large visant à transformer le groupe en une plateforme mondiale de streaming. Avec la cotation prévue à Londres et le rachat de MultiChoice, un acteur clé de la télévision payante en Afrique, le groupe cherche à renforcer son attractivité auprès des investisseurs et à s’affranchir de certaines contraintes liées à son modèle historique.

En abandonnant ses chaînes sur la TNT, Canal+ réduit également ses obligations réglementaires en France, notamment en matière de financement du cinéma, tout en se positionnant comme une alternative aux géants du streaming comme Netflix.

Actuellement, Canal+ contribue au financement du cinéma français à hauteur de 190 millions d’euros par an, alors que ses obligations minimales fixées par l’ARCOM sont de 170 millions d’euros. Cette surperformance s’explique par la stratégie historique de Canal+ de promouvoir le cinéma pour renforcer son image de marque et fidéliser ses abonnés.

Cependant, si Canal+ recentre ses priorités sur le streaming international, il pourrait décider de limiter ses contributions au strict minimum requis par la législation.

Cette transition vers un modèle plus moderne et international ne peut pas être interprétée comme une simple revanche contre l’ARCOM.

La chronologie des médias en question

Le retrait de la TNT pourrait également fragiliser la position de Canal+ dans la chronologie des médias, un système qui favorise historiquement les chaînes hertziennes.

  • Actuellement, Canal+ bénéficie d’une fenêtre exclusive pour diffuser des films six mois après leur sortie en salles, contre 15 mois pour Netflix.
  • Si cette fenêtre est remise en cause, Canal+ pourrait perdre un avantage stratégique et revoir ses engagements envers le cinéma.

Le rôle de la fiscalité dans cette décision

L’autre facteur clé est le contexte fiscal. Canal+ est actuellement engagé dans un litige avec l’administration fiscale française, qui réclame 655 millions d’euros liés à une réévaluation du taux de TVA applicable à son offre. En adoptant un modèle exclusivement basé sur le streaming, le groupe renforce sa position dans ce bras de fer en se détachant des spécificités fiscales de la TNT.

Ainsi, la décision de quitter la TNT est une manière pour Canal+ d’assumer pleinement son statut de plateforme de streaming, avec une fiscalité alignée sur ce modèle. Là encore, ce choix est motivé par des raisons pragmatiques et financières, et non par une volonté de s’opposer à l’ARCOM.

Pourquoi parler de « vengeance » est un contre-sens

L’idée que Canal+ se « venge » de l’ARCOM en réponse au retrait de C8 est simpliste. Bien que cette décision ait pu contribuer au choix final, elle n’en est pas la cause principale. Canal+ s’adapte à un marché en pleine mutation, où la TNT payante n’a plus la même pertinence qu’il y a 20 ou 30 ans.

En réalité, le retrait des chaînes Canal+ de la TNT était devenu inévitable dans une perspective économique. La symbolique autour de C8 ne fait qu’ajouter une dimension narrative à une décision qui répond avant tout à des impératifs stratégiques et financiers.

Source : L’informé, Le Monde, Arcom, Les échos


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