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Des deepfakes de Lena Marechal Le Pen font la promotion de l’extrême droite

deepfakes Lena Marechal Le Pen

À l’approche des élections européennes, le phénomène des deepfakes prend une tournure inquiétante, notamment avec l’apparition de profils fictifs tels que Lena Marechal Le Pen sur TikTok et autres réseaux sociaux. Est-ce que Lena Marechal Le Pen existe vraiment ? Non, son profil mentionne discrètement l’utilisation de l’IA. Quels sont les objectifs de ces deepfakes, les enjeux politiques et la stratégie utilisée avec ce compte fictif sur Lena Marechal Le Pen ?

Utilisant des techniques d’intelligence artificielle, ces comptes fabriqués reprennent les noms et les visages associés à des figures de l’extrême droite pour diffuser un message politique ciblé. Cette manipulation numérique vise à promouvoir l’extrême droite de manière subtile mais efficace, exploitant l’image glamour pour atteindre et influencer un jeune public sur des plateformes comme TikTok et Instagram.

Le contenu visuel ressemble en tout point à celui d’une influenceuse, avec ses poses en sous-vêtements et ses vidéos de danse. Ce profil projette une image attrayante de l’extrême droite et promeut spécifiquement Jordan Bardella. Les vidéos sont assorties de hashtags tels que « Lepen », « Famille », « RN », ou encore « France », accompagnés d’une profusion de drapeaux français, comme observé par la RTS.

Aujourd’hui le compte TikTok a été fermés, vous trouverez une vidéo pour illustrer ce deepfake sur Lena Marechal Le Pen et également celui sur Amandine Le Pen.

A lire : Comment identifier le contenu généré par IA ? Texte, image, audio

Des millions de vue et un impact significatif, malgré des sceptiques

Les comptes comme celui de Lena Marechal Le Pen ne sont pas anodins ; ils cumulent des millions de vues, captivant ainsi une audience massive. L’efficacité avec laquelle ces deepfakes mimiquent la jeunesse et l’attrait visuel, combinée à leur présence constante sur les réseaux sociaux, amplifie leur portée et leur impact.

deepfakes Lena Marechal Le Pen

Ce phénomène soulève des questions sur l’influence de tels contenus dans les perceptions et les comportements électoraux, particulièrement parmi les jeunes électeurs qui sont la cible de ce type de manipulation. Si certains se montrent sceptiques dans les commentaires, ils restent une minorité.

Les enjeux politiques des deepfakes sur Lena Marechal Le Pen

Les deepfakes de Lena Marechal Le Pen illustrent une nouvelle forme de cyber manipulation politique. Ces vidéos et images générées par IA servent à façonner l’opinion publique de manière indétectable pour beaucoup. D’ailleurs, il ne s’agit que d’un exemple et il y a aujourd’hui beaucoup de deepfake sur la toile, en particulier sur le Rassemblement National.

Les implications pour la démocratie sont considérables, car la capacité de distinguer les vraies informations des fausses devient de plus en plus difficile. Ce phénomène pourrait potentiellement altérer les résultats d’un scrutin, notamment en influençant indûment les choix politiques des non-avertis.

Le compte est aujourd’hui fermé, mais la vidéo ci-dessous du Parisien reprend quelques images :

Des auteurs qui prétendent alerter sur les dangers des deepfakes

Les créateurs de ces comptes deepfake prétendent souvent mettre en lumière les dangers des fausses informations et de la manipulation médiatique. C’est une posture que l’on retrouve fréquemment parmi les auteurs de deepfake aujourd’hui.

Dans le cas du Deepfake audio imitant Joe Biden pour les primaires démocrates du 23 janvier 2024, l’auteur s’est défendu en indiquant que son objectif était de mettre en lumière les dangers de l’intelligence artificielle en politique. Il s’agissait pourtant d’un consultant qui travaillait pour la campagne démocrate de Dean Phillips. Dean Phillips a également nié tout implication dans ce deepfake.

Nous retrouvons exactement le même schéma dans le cas de ce deepfake sur Lena Marechal Le Pen. Le créateur du compte TikTok a répondu à la presse que « cela n’avait rien de politique ». Les parties politiques concernés ont également nié toute implication.

En dépit de leurs intentions déclarées, l’effet de leurs actions contribue à la désinformation, et à influencer la perception des personnalités politiques. Cela souligne la nécessité de renforcer l’éducation numérique et la sensibilisation aux médias pour préparer les électeurs à naviguer dans un paysage médiatique de plus en plus complexe.

Les parties politiques déclarent n’avoir aucun lien avec les deepfakes

Face à la prolifération de ces comptes et à leur contenu, les partis politiques comme le Rassemblement National et Reconquête ont réfuté toute association avec les deepfakes.

Le cas Lena Marechal Le Pen et les deepfakes de l’extrême droite mettent en évidence un défi urgent pour la société et les institutions démocratiques. Il est impératif d’agir pour limiter l’impact de cette technologie potentiellement déstabilisatrice à mesure que nous avançons vers des échéances électorales cruciales.

Il semble probable qu’il y ait un motif politique sous-jacent à ces publications, car même les choix de phrases, les illustrations et les annotations transmettent clairement un message politique à double sens. Cette stratégie est réalisée avec une certaine habileté, surtout lorsqu’on la visionne sur un smartphone, où les détails ne sont pas immédiatement perceptibles. Les problèmes de luminosité, le flou de l’image et les incohérences avec l’arrière-plan ne sont pas évidents au premier coup d’œil, en particulier sur un petit écran. Cependant, pour un observateur averti, ces éléments révèlent l’utilisation de l’intelligence artificielle, bien que cela demande une attention particulière lors du visionnage de la vidéo.

La loi et les deepfakes « positifs »

Le cas du deepfake sur Lena Marechal Le Pen illustre un nouveau genre. Dans la majorité des cas, les deepfakes étaient jusqu’à présent utilisé pour discréditer une personne, lui prêter des propos mensongers ou plus globalement lui nuire. C’est le cas par exemple du Deepfake sur Taylor Swift, des Deepfakes audio lors des élections slovaques ou plus récemment le cas du Deepfake audio imitant Joe Biden lors les primaires démocrates du 23 janvier 2024.

Sur le plan juridique, cette pratique peut engendrer des problèmes concernant les droits de la personnalité. Par exemple, l’utilisation de l’image d’une personne sans son consentement pourrait violer son droit à l’image. De plus, attribuer à une personne existante des propos mensongers qui la dévalorisent pourrait éventuellement constituer une atteinte pénale à son honneur.

Le projet de loi pour sécuriser Internet aura-t-il un impact sur les deepfakes « positifs » ?

Le projet de loi pour sécuriser l’espace numérique vise à limiter ces risques et à mieux sécuriser l’espace numérique. Les nombreux cas de désinformation sur les différents réseaux sociaux, en particulier X (Twitter), sont considérés pour beaucoup comme une menace sérieuse pour les démocraties.

Lors de l’adoption de cette loi à l’Assemblée nationale, 134 députés ont voté pour, 75 votants contre, dont 41 du Rassemblement national (RN) comme l’illustre le schéma ci-dessous :

projet de loi visant à sécuriser l’espace numérique adopté l’Assemblée nationale
Source : Assemblée nationale via Le Monde

Il s’agit pour l’instant d’un projet de loi qui vise avant tout à sécuriser l’espace contre les manipulations malveillantes, les arnaques, la désinformation, l’utilisation sans consentement d’image, le cyberharcèlement et les propos haineux.

Toutefois, le cas du deepfake sur Lena Marechal Le Pen amène une nouvelle problématique. Il s’agit d’un personnage fictif dont l’objectif est d’améliorer l’image de personnalités politiques. Ce nouveau cas se serait-il engouffré dans une faille juridique ? Les deepfakes « positifs » sont-ils ou seront-ils encadrés par le nouveau projet de loi ?

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