Alphonso : Plus de 1 000 app espionnent notre environnement sonore !

Alphonso - Plus 1 000 app espionnent notre environnement sonore

Selon une nouvelle enquête du New York Times, au moins 1 000 jeux android et un nombre indéterminé d’applications sur l’App Store analysent notre environnement sonore afin d’identifier ce que nous regardons à la télévision.

À première vue, les applications concernées semblent anodines : « Poll 3D » (Billard 3D), « Baccarat », « Real Bowling Strike 10 Pin ». Mais une fois installées, et si l’utilisateur les autorise à utiliser le micro, ces applications analyseront l’environnement sonore afin d’identifier ce que vous regardez à la télé. Et ce, même si l’application est en arrière-plan.

Plus de 1 000 apps analysent notre environnement sonore

Cette analyse de votre environnement est effectuée par le logiciel Alphonso, présent dans ces applications. En effet, l’objectif de la startup Alphonso est de collecter des données sur ce que vous regardez à la télé, films, séries et publicités. Dans un deuxième temps, le but est de proposer des publicités ciblées sur votre mobile, mais aussi de créer un profil anonyme. Destiné à identifier ce que vous regardez à la télé, ce profil sera associé à votre localisation, à vos habitudes d’achat et autres informations disponibles soit sur votre mobile, soit par l’intermédiaire de plateformes de Big Data à l’aide de votre adresse IP ou encore de cookies.

Des informations stockées dans le cloud

Comme le précise le site de la startup, ces informations anonymes sont stockées sur le cloud « Alphonso TV Data Cloud ». Toutefois, la société Alphonso précise que L’enregistrement de votre entourage sonore ne quitte jamais votre téléphone. Il est en fait analysé sur votre téléphone. Plus précisément, une empreinte numérique de votre environnement sonore est créée. C’est cette empreinte, cette signature sonore, qui est envoyée sur le cloud d’Alphonso.

Cette signature sonore est ensuite comparée aux signatures sonores connues (publicités, films, séries, émissions TV…) – une technologie qui ressemble à celle de Shazam. Et la jeune startup a justement passé un accord avec Shazam. Pour rappel, Apple a racheté Shazam. Cette dernière n’a pas souhaité communiquer à propos d’Alphonso.

Alphonso, une startup créée depuis 2013

Alphonso est une startup spécialisée dans l’affichage secondaire de publicité (Second Screen View). Lors de la pause publicitaire, une bonne partie des téléspectateurs utilisent leurs téléphones. Ainsi, Alphonso analyse l’environnement pour ensuite proposer une publicité ciblée, c’est ce que l’on appelle le « Second Screen View ». Et maintenant, la société a élargi son périmètre, elle collecte des informations sur ce que les utilisateurs regardent à partir de Smart TV, des décodeurs numériques et autres objets connectés. Selon le site d’Alphonso, il y aurait eu 40 millions d’objets connectés embarquant la technologie Alphonso.

Alphonso a répondu à plusieurs questions du New York Times. Ainsi, la startup a argué qu’elle ne pouvait avoir accès au microphone sans l’accord de l’utilisateur. De plus, elle s’est refusée à divulguer les applications qui embarquent Alphonso, afin de conserver de bonnes relations avec les développeurs d’App. Et pour finir, le fondateur et CEO, M. Chordia a affirmé désapprouver l’utilisation du logiciel Alphonso dans des applications à destination des enfants. Il n’en reste pas moins que plusieurs jeux pour jeune public utilisent cette technologie, par exemple des applications de la société indienne KLAP Edutainment, qui décrit ses produits comme des outils éducatifs pour enfants.

Alphonso une société parmi d’autres

De nombreuses jeunes sociétés s’engouffrent dans la revente d’informations issues de notre environnement sonore. De plus, la multitude d’objets connectés comme les smart TV, les assistants intelligents, les montres, les jouets et bien évidement nos smartphones, donnent lieu à des pratiques douteuses.

C’est pourquoi il est nécessaire que les organismes en charge de la régulation soient vigilants. Et bien sûr, que les éditeurs de logiciels, en particulier de jeux pour enfants, soient plus transparents sur leurs pratiques. Lorsqu’on autorise l’utilisation de son microphone pour un jeu, on n’imagine guère que ce dernier va analyser notre environnement sonore, même si l’application est en arrière-plan.

Une vigilance accrue des organismes de régulation ?

Comme l’indique le New York Times, en 2016, la commission commerciale fédérale des États-Unis avait déjà mis en garde plusieurs développeurs concernant la collecte d’informations à partir des microphones des utilisateurs sans autorisation préalable. Plus récemment, en 2017, Vizio a payé 2,2 millions de dollars pour avoir collecté et revendu des données issues de téléviseurs connectés à l’insu des utilisateurs.

De l’autre côté de l’Atlantique, il existe des organismes comme la CNIL ayant pour vocation de protéger les données des consommateurs. Mais vu la multitude d’objets connectés, d’applications pour smartphone et l’arrivée des assistants intelligents, comment surveiller et contrôler tous ces objets de manière efficace ? Certes, la CNIL a déjà sanctionné des sociétés comme Facebook, à laquelle elle a imposé une amende de 150 000 € en 2017. Une somme qui parait bien dérisoire pour un géant tel que Facebook, dont le cœur d’activité est la revente et l’utilisation des données personnelles.

De nombreux articles ont été publiés en 2017, articles qui posaient la question « Facebook nous écoute-t-il afin de proposer des publicités ciblées ? ». Ce que Facebook a toujours démentit : « Facebook n’utilise pas votre micro pour analyser vos conversations personnelles ». Mais si Facebook utilisait tout simplement des applications tierces comme Alphonso ? Applications qui revendraient les données à Facebook afin de compléter le profil utilisateur ?

Mise à jour, informations complémentaires

  • 05 janvier : Un nouvel article a été publié sur le sujet, cet article aborde les problèmes légaux. Cependant, l’article indique que le message d’avertissement est explicite. Mais ce message n’est pas présent sur la totalité des applications. Et ce message n’indique pas que l’application analyse en continue, même lorsque l’application est en arrière-plan.
  • Un article de techcrunch.com qui revient entre autres sur le sujet « Facebook nous écoute ! ».
  • L’affaire SilverPush qui contient de nombreuses similitudes.
  • Pour ceux qui souhaiteraient révoquer leur consentement, voici le guide de la société Alphonso.
  • 6 janvier : Le règlement d’Apple pour les publications sur iOS ne semble pas permettre ce genre de pratique. Pourtant les applications sont bien présentes sur iOS. (Voir le réglement d’apple : 5.1.2 Data Use and Sharing, paragraphe i et ii)

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A lire aussi : Apple pourrait acheter NetflixLa nouvelle voix artificielle de Google, comme un humain !

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5 commentaires

  1. Et aussi un communiqué de Google et Apple sur ce genre de pratique, afin de connaitre clairement leur position sur le sujet.

  2. C’est tout à fait possible. Comme expliqué dans une autre conversation :

    Ce qui est décrit dans la vidéo, c’est une technologie similaire à Alphonso. Alors peut être que l’explication est simple. Le Youtuber de la vidéo a une application avec Alphonso ou similaire, et Alphonso (c’est son job) vend les données marketing à Facebook. Puis quelques jours après Facebook affiche une publicité ciblé. (c’est le retargeting publicitaire)

    Par contre Alphonso n’est pas supposé écouter les conversations. Ca serait intéressant de savoir si c’est bien Alphonso. Et si ce n’est pas Alphonso, c’est un logiciel similaire qu’il faudrait identifier.

    Mais je doute que Facebook écoute avec ses propres applications, le risque est trop grand, autant déporté le risque sur une société tiers.

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